Table ronde sur la transition numérique dans les PME

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Le 16 février – Une table ronde sur la transition numérique dans les PME a été organisée. Où en est ce passage au numérique dans les PME ? Comment TPE et PME s’approprient les outils numériques et les intègrent dans leur stratégie ? Avec quels changements et quels bénéfices ?

Intervenants

Aurélie Gracia, responsable du bureau des usages du numériques de la Direction générale des entreprises du Ministère de l’économie et du numérique

Jean-Marie Jestin, dirigeant de Supratec

Marie Prat, co-présidente de la Commission innovation et numérique de la CGPME

Nordine Jafri, fondateur de Numérique1

1000 conseillers Transitions Numériques

Si les entreprises françaises sont plutôt bien équipées en outils numériques de base, TPE et PME restent timides dans les usages associés à ces outils, contrairement à certaines de leurs homologues européennes.

Pour les aider à mieux intégrer ces outils dans leur stratégie de développement, le gouvernement a lancé en 2012 « le Programme de transition numérique ». Celui-ci fédère les différents acteurs économiques au contact des TPE – PME : chambres de métiers, chambres de commerce et d’industrie, fédérations professionnelles, centres de gestion agrées, offices de tourisme…  Et s’appuie également sur des consultants privés.  « Aujourd’hui, on dénombre 1 000 conseillers Transition Numériques, qui doivent être recensés au sein d’un annuaire », indique Aurélie Gracia, cheffe du bureau des usages du numérique à la Direction Générale des Entreprises au Ministère de l’économie, de l’industrie et du numérique. Depuis 2015, le programme est présent dans des salons professionnels, par le biais des «  Rencontres régionales transition numérique ». L’idée étant d’aider les PME-TPE au niveau local car c’est à cet échelon que se fait la transition numérique. Autre outils, le site Internet www.transition-numerique.fr, a été refondu et enregistre 5 000 visites par mois.

Question de survie

Pour le dirigeant d’une petite entreprise, franchir le cap du numérique n’est pas toujours facile. Or « il s’agit d’une question de survie », estime Marie Prat, co-présidente de la commission innovation et numérique à la CGPME. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces retards : le dirigeant est souvent seul à gérer ces questions, il manque de compétences techniques, de moyens financiers, et ne voit pas forcément l’intérêt du numérique. « Nous travaillons sur un financement facilité avec Bpifrance », annonce Marie Prat, qui estime le ticket d’entrée dans le numérique entre 5 000 et 10 000 euros pour une TPE. Des dispositifs de financement existent en région, comme le chéquier numérique en Aquitaine, mais ils ne sont pas fléchés.

Autre problème : TPE et PME ne savent pas à qui s’adresser pour se lancer. Pour la CGPME, il faut d’abord établir un diagnostic. « Nous les envoyons vers des professionnels ou des consultants privés », indique Marie Prat. Puis c’est l’étape de la formation, qu’elles peuvent effectuer auprès de l’Agefos PME. La sensibilisation peut  se faire au niveau des organisations et fédérations professionnelles.

Axe stratégique

Les chiffres sont plutôt encourageants : sur 800 000 entreprises franciliennes, la moitié a démarré sa transition numérique. 57 % des entreprises françaises déclarent que la transformation numérique fait partie de leurs axes stratégiques à moyen terme. Le débat ne porte pas tant sur l’intérêt du numérique, puisque l’on observe une prise de conscience relativement forte des entreprises, mais la question fondamentale reste la mise en œuvre, au-delà des vœux pieux.

Jean-Marie Jestin, dirigeant de Supratec (ingénierie industrielle), a témoigné de l’importance du numérique dans son entreprise. Converti dès le milieu des années 1990, il a mis en place une plateforme collaborative destinée à son plus gros client, afin de partager toutes les informations sur chaque projet. Récemment, il a combiné cette plateforme avec une application smartphone pour un autre client, un conseil général, pour gérer les interventions d’urgence dans les collèges. Bilan : « cela nous sert d’archivage, on suit le workflow et cela nous concède un avantage commercial évident », affirme Jean-Marie Jestin. Ces innovations ont été rendues possibles grâce au rapprochement de Supratec avec la start-up Numérique_1, fondée par Nordine Jaffri. Ce dernier a évoqué le phénomène d’ « acculturation sur le numérique » des TPE, soit un sujet d’état d’esprit et de compréhension. Alors que les entreprises traditionnelles ne prennent pas forcément le virage du numérique, des start-up se développent.