Entretien avec Thibault Lanxade, président du pôle entreprenariat et PME du Medef

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5 septembre 2013 – Devenu membre du Conseil exécutif du Medef, président du Pôle Entrepreneuriat et Croissance et de la commission Croissance des PME de l’organisation patronale, Thibaud Lanxade a présenté ses chantiers au Medef et son analyse de points de conjoncture concernant les PME et les chefs d’entreprise.

Parité hommes-femmes dans l’entreprise et l’économie

En 2009, Thibault Lanxade a intégré la Commission des nouvelles générations du Medef et piloté le dossier du « Small Business Act » à la française. En février 2013, il s’est porté candidat à la présidence du mouvement, avant de se rallier à Pierre Gattaz qui, une fois élu, l’a nommé au Conseil exécutif de l’organisation patronale. Désormais président du Pôle Entrepreneuriat et Croissance et de la commission Croissance des PME du Medef, il a précisé la « feuille de route » des commissions qui travailleront sous son égide à la faveur de ses nouvelles attributions.

Le Pôle Entrepreneuriat et Croissance compte trois commissions : « Croissance des PME », présidée par Thibault Lanxade lui-même, « Dynamique Entrepreneuriale », présidée par Christian Aubart, président du Medef Aquitaine, et « Egalité et parité », présidée par Stéphane Richard, Pdg d’Orange.

La commission TPE/PME planchera sur des sujets comme le financement, le statut du chef d’entreprise (responsabilité pénale du dirigeant), les enjeux de la simplification, les problématiques de la cession/reprise d’entreprise. La relance d’un « Small Business Act » à la française (organisation des relations PME/grands groupes et accès aux marchés publics), encouragé par Bruxelles, fera l’objet d’un groupe de travail spécifique. Concernant la Dynamique entrepreneuriale, de nombreux sujets sont sur la table : le financement de l’early-stage, les auto-entrepreneurs, la création d’entreprise dans les zones urbaines sensibles (ZUS), le retour d’expériences de créateurs français installés à l’étranger, ainsi que le suivi des Assises de l’Entrepreneuriat, dans lesquelles le Medef en tant que tel s’est jusque-là peu impliqué.

Sur le sujet critique des délais de paiement inter-entreprises et des difficultés de trésorerie des PME, un groupe de travail devrait être créé avec les banques afin d’étudier des solutions comme la mise en place de nouveaux instruments de prépaiement.

La parité hommes-femmes dans l’entreprise et l’économie sera aussi au menu de la troisième commission du Pôle. Le Medef se rallie à l’objectif de 43 % de femmes créatrices d’entreprises d’ici 5 ans, contre 33 % actuellement. Le calendrier des travaux des commissions du Pôle Entrepreneuriat et croissance seront précisés d’ici octobre 2013.

Mise en garde contre les distorsions de concurrence

Thibault Lanxade s’est par ailleurs dit préoccupé par la montée du mécontentement parmi les chefs d’entreprises, qui se considèrent comme confrontés à une administration qui multiplie les contrôles : les entrepreneurs subissent la multiplication et la complexité croissante des lois et l’inflation des normes (400 000 en vigueur). L’Etat est selon lui dans une attitude « schizophrène » : d’une main il accorde des aides et de l’autre, il redresse fiscalement ses bénéficiaires comme pour le CIR (Crédit impôt recherche). La même inquiétude d’éventuels redressements prévaut pour le CICE, malgré les promesses du gouvernement.

Autre motif « d’exaspération » des patrons : la forte hausse de la fiscalité locale et la volonté des Régions de récupérer à leur avantage des dispositifs  comme le 1% logement ou la formation professionnelle, dont le financement et la gestion incombent aux partenaires sociaux alors que ces fonds devraient remplir leur fonction première : faciliter l’accès au logement des salariés des entreprises et former les collaborateurs des sociétés.

S’il est favorable au développement de l’économie sociale et solidaire (ESS), Thibault Lanxade a mis en garde contre les distorsions de concurrence avec l’économie classique tel qu’on le constate dans le secteur des services à la personne où des entreprises privées sont en concurrence avec des associations selon lui. Le représentant du Medef s’est par ailleurs montré très critique envers l’une des propositions du projet de loi de l’ESS porté par Benoit Hamon : l’obligation pour le chef d’entreprise souhaitant céder sa société d’informer ses salariés de son projet dans un délai de deux mois. « Dogmatique et dangereuse », il a estimé que cette mesure serait préjudiciable à l’entreprise : elle pourrait déstabiliser ses clients comme ses fournisseurs, lesquels seraient tentés de modifier leurs conditions tarifaires. « Ce projet dénote une méconnaissance de ce gouvernement du fonctionnement des entreprises : le délai moyen d’une cession va de deux à six ans… » Il s’agit en outre selon lui d’une nouvelle « forme de défiance signifiée aux entrepreneurs en laissant entendre qu’ils ne sont pas capables d’identifier un repreneur potentiel parmi leurs collaborateurs. Tous les salariés n’ont pas envie de devenir entrepreneurs ! ». Pour faciliter la reprise d’une entreprise par ses salariés, Thibault Lanxade milite plutôt pour la création d’un crédit d’impôt qui pourrait atteindre entre 30 000 et 50 000 euros.

Concernant le financement en fonds propres des PME, Thibault Lanxade souhaite voir émerger une Bourse des PME à dimension européenne, car il estime « ratée » la création récente de la place de marché française pour les PME-ETI (EnterNext).

Approuvant la création du PEA-PME, Thibault Lanxade a qualifié de très bonne idée la volonté des pouvoirs publics d’encourager le développement du « crowdfunding » (financement participatif en ligne). « Mais il faut simplifier l’appel des TPE et PME à l’épargne des Français ! », ajoute-t-il.

 

Que sont-ils devenus ?

Thibault Lanxade est devenu vice-président du Medef en charge des PME en avril 2015.