Table ronde Transition numérique et IA : où en sont les PME ?
Transition numérique et IA : où en sont les PME ?
Le 30 avril 2024, la table ronde organisée par l’AJPME s’est intéressée à la transition numérique des PME/TPE à travers les analyses et témoignages de deux expertes et de deux entrepreneurs.
Selon France Numérique, 76 % des PME estiment aujourd’hui que la transition numérique est un bénéfice pour elles. Pour autant, ont-elles rattrapé leur retard depuis la pandémie ? S’emparent-elles de l’IA ? Quels sont, pour elles, les principaux enjeux de la révolution numérique et de l’IA ?
LES PME/TPE ont sauté le pas…
Anissa Bestaoui, responsable DAS numérique au sein du réseau des CCI, a souligné que si les PME/TPE se questionnaient sur la transition numérique avant même la pandémie, celle-ci a amené bon nombre d’entre elles à sauter le pas pour engager leur projet. Toutefois, outre le budget à y consacrer, le manque d’acculturation au numérique et l’absence de compétence en interne restent des freins pour mener à bien les différentes étapes de leur transition : rédiger un cahier d’expression des besoins (site vitrine ou site marchand…), construire une « persona », c’est-à-dire son client modèle, ou choisir la plateforme où être présent pour attirer cette « persona ». Pour surmonter ces obstacles, la CCIP Ile-de-France a développé un réseau de Digiteurs, qui organisent un accompagnement des PME/TPE pour faire leurs choix numériques.
Un recours à l’IA limité
Dans ce contexte, l’utilisation de l’Intelligence Artificielle (IA) est une étape supplémentaire qui peut sembler encore lointaine : Elise Tissier, directrice de Bpifrance Le Lab, a précisé que selon une étude menée début 2024 par Bpifrance, 72 % des personnes sondées n’utilisent pas l’IA générative, 13 % ne l’utilisent pas mais ont prévu de le faire prochainement et 15 % y ont déjà recours. L’IA dans les PME/TPE est le plus souvent cantonnée à des fonctions supports comme la communication et le marketing, pour chercher et analyser des données, générer des contenus sur les réseaux sociaux ou pour la prospection commerciale, traduire des contenus ou encore rédiger des fiches de poste.
Des PME converties à la numérisation ou digital native
Les deux entrepreneurs conviés à la table ronde ont fait part, quant à eux, d’une expérience numérique déjà avancée de leur entreprise, en partie due à leur propre appétence à l’informatique. Marion Pintaux a passé 20 ans en media et régie télé, avant de fonder en 2018 les Aventuriers du biscuit, PME qui fabrique des sablés entièrement personnalisés. Elle a d’emblée installé son entreprise sur Internet et en e-commerce, et utilise l’IA pour concevoir la documentation de l’entreprise, rédiger des posts sur son blog et les réseaux sociaux, etélaborer les formes et glaçages personnalisés des sablés à partir de l’identité visuelle de ses clients. La fabrication des biscuits reste artisanale, mais les clients peuvent utiliser la Cookie machine, un configurateur de biscuits en ligne qui leur permet d’importer leur propre visuel et de personnaliser leur expérience.
Philippe Mellinger a été pendant 7 ans ingénieur au CEA avant de rejoindre l’entreprise familiale Carrousel et Câlins, réseau de micro-crèches. Il a alors créé une base de données, une plateforme multisites et un intranet pour donner aux salariés un espace de rencontre, qui permet aux différentes crèches de collaborer, de gérer les besoins de renfort ponctuels des crèches mais également de se former et d’évoluer. L’IA aide ainsi les professionnels de terrain à créer des formations. Il a également mis en place le comité Intelligence artificielle et automatisation.
Garder l’esprit critique
Le renouvellement des générations de dirigeants liée à la transmission des entreprises peut être un facteur d’accélération de la transition numérique des PME/TPE. Quoiqu’il en soit, tous les participants ont conclu en soulignant la puissance des outils numériques et de l’IA, mais vis-à-vis desquels il faut savoir garder un esprit critique pour en éviter le dévoiement.
Elisabeth Coulomb
