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Journées découverte de l’économie des métiers d’art 

Restauration d’un tapis chez Bobin Tradition

Le 6 novembre 2025, les journalistes de l’AJPME ont participé une journée-découverte de l’économie des métiers d’art.

Cette journée a commencé par la visite de Bobin Tradition, un atelier spécialisé dans la restauration et réparation de tapis et tapisserie. Puis elle s’est poursuivie par celle d’Ici Montreuil, une manufacture collaborative, qui propose des ateliers complets pour céramistes, ébénistes, métalliers, bijoutiers… Elle s’est terminée par la visite de la Bonne Graine, établissement qui délivre des CAP et le brevet des métiers d’art ébéniste.Un panorama des métiers d’art en France, ses enjeux et perspectives a été présenté à cette occasion par l’Institut pour les Savoir-Faire Français.

Première étape : visite de Bobin Tradition

Béatrice Pommeret fait visiter la zone du nettoyage des tapis de son entreprise aux journalistes de l’Ajpme

La société Bobin Tradition, créée en 1906, a été reprise en 2021 par Béatrice Pommeret. De formation ingénieur avec un parcours, loin des métiers d’art, au sein de l’association nationale des directeurs financiers de de contrôle de gestion (DFCG) et au Syntec Numérique, elle est passionnée par le fil et sait manier l’aiguille…Installée à Bonneuil-sur-Marne (94), avec un bureau parisien pour recevoir ses clients, l’entreprise comprend 7 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 650 000 euros environ. Ses principaux clients : le Mobilier National, des ministères, mairies, ambassades, des châteaux mais aussi des riches collectionneurs et des capitaines d’industrie…

L’atelier de Bobin Tradition vue des bureaux de l’entreprise

L’entreprise Bobin Tradition comprend 2 métiers principaux : la restauration des tapis et tapisseries et leur nettoyage…Elle a obtenu le label EPV (Entreprises du patrimoine vivant), qui est attribué pour une période de 5 ans. Ce label a été mis en place par l’État pour distinguer des entreprises françaises artisanales et industrielles aux savoir-faire rares et d’exception. L’entreprise est également lauréate du prix Créatrice d’Avenir 2022.

Avec la diffusion de reportages dans Le Parisien et sur TF1, elle bénéficie d’une certaine notoriété et son carnet de commandes est plein jusqu’en mars 2026…

Une salariée de Bobin Tradition restaure une tapisserie

Bobin Tradition restaure des tapisseries d’Aubusson, qui viennent du château de Pau. Elle a également restauré, pendant deux mois, la tapisserie « Le triomphe de la charité », en provenance du Château de Chenonceau… « Nous respectons les principes de la Charte de Venise, qui énonce des principes pour la restauration des objets et monuments anciens, notamment la lisibilité, la réversibilité », souligne Béatrice Pommeret.

Présentation de l’Institut pour les Savoir-Faire Français

Fanny Danthez, responsable du pôle de ressources et d’intelligence économique à l’Institut pour les Savoir-Faire Français, a présenté les missions de cette association reconnue d’utilité publique, fondée en 1889 : faire rayonner, faire perdurer et faire grandir les savoir-faire d’exception. L’institut gère des évènements comme les Journées européennes des métiers d’art, le Prix Avenir Métiers d’Art… Il pilote également le programme Maître d’Art-Élève, pour le compte du ministère de la Culture et va mettre en œuvre une plate-forme qui recense les savoir-faire « rares ».

Quelques chiffres-clés : 280 métiers d’art recensés, 234 000 entreprises, 500 000 actifs dont 280 000 sont salariés. Un chiffre d’affaires cumulé de 68 milliards d’euros, 9 milliards d’euros cumulé à l’export. 8 entreprises sur 10 sont situées hors de l’Ile-de-France. Quant à l’enjeu de la transmission, 37 % des dirigeants d’entreprises ont plus de 55 ans et moins de 20 % d’entre eux ont engagé une démarche de transmission…

Deuxième étape : visite d’ICI Montreuil

Les journalistes de l’Ajpme dans le couloir central d’Ici Montreuil

ICI Montreuil fait partie du réseau des 10 manufactures Make Ici, fondé par Christine et Nicolas Bard en 2012. Il s’agit de permettre aux artisans d’art et entrepreneurs du « Faire », de lancer et développer leur activité économique dans des ateliers partagés. Ainsi les parcs de machines, les espaces de stockage et les salles d’assemblage sont mutualisés. Des formations techniques, des ateliers animés par des professionnels, des services d’accompagnement sont notamment proposés, en échange d’un abonnement mensuel. Ici Montreuil compte 70 résidents, ils sont 80 à Marseille et 40 à Nantes. Sur le site de Montreuil sont rassemblés des ébénistes, céramistes, bijoutiers, designers, métalliers, tapissiers…

Le tapissier Anthony Mendizabal dans son atelier avec un fauteuil restauré

Tapissier d’ameublement (fauteuil, canapés), Anthony Mendizabal a fondé sa structure Peace Maker Création en 2018. En collaboration avec des architectes, menuisiers et artistes, dont certains sont présents à Ici Montreuil, il travaille aussi bien pour des particuliers que pour des professionnels : hôtels, restaurants, boutiques et scénographies d’exposition… Il a participé notamment à une exposition Dior en Chine. Installé depuis 6 ans chez Ici Montreuil, il possède deux abonnements pour avoir plus d’espace.

Troisième étape : visite de la Bonne Graine

Fondée en 1866, La Bonne Graine, école d’ameublement de Paris, située dans le 11ème arrondissement, forme à 13 métiers (ébénisterie, dorure, encadrement, tapisserie, menuiserie, marqueterie…).  Elle délivre des CAP en apprentissage et le brevet des métiers d’art ébéniste. Pour postuler, il faut avoir entre 15 et 30 ans. « L’école compte 320 apprentis et 80 en reconversion », indique Jérôme Theveny, directeur général de La Bonne Graine. « Nous les aidons à trouver une alternance, qu’ils effectuent la plupart du temps dans des très petites entreprises. Avec l’ensemble de nos diplômes, nous avons un taux d’insertion de 90 % », ajoute-t-il. Il n’hésite pas à réembaucher ses anciens élèves qui ,pour certains, deviennent  formateurs au sein de l’école.

Salle du cours de dorure de l’école de la Bonne Graine

Le CAP dorure se prépare en deux ans. Les apprentis passent une semaine à l’école et deux semaines en apprentissage. Ils ont pour mission d’effectuer des travaux de dorure à la feuille, sur bois ou d’autres supports. Ils doivent préparer ou apprêter ces supports avant de pouvoir y déposer la feuille d’or, de cuivre ou d’argent…

Sophie Mensior