Rencontre avec Amir Reza-Tofighi le 9 septembre

Le 9 septembre 2025, Amir Reza-Tofighi, président de la CPME nationale, a répondu aux questions des journalistes de l’AJPME. Les sujets d’actualité étaient nombreux alors que le gouvernement de François Bayrou venait de tomber.
« Un gouvernement qui tombe, ce n’est jamais une bonne nouvelle car c’est synonyme d’instabilité politique », estime Amir Reza -Tofighi, président de la CPME (Confédération des PME) depuis le 21 janvier 2025, successeur de François Asselin. « Ce sont des objectifs qui ne sont pas réalisés, des embauches qui ne se font pas… La crainte, c’est qu’il y ait des compromis effectués sur le dos des entreprises », déplore-t-il.
Le président de la CPME demande qu’un gouvernement soit rapidement nommé et souhaite une sorte d’union nationale derrière les entreprises. « Il ne faut pas les attaquer, mais plutôt les défendre ». Pour lui, il faut arriver à trouver des sujets qui font consensus, comme la simplification : « on est allés trop loin avec toutes ces normes, leur mise en place est trop complexe », estime-t-il.
Sauver le modèle social
A propos du mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre, Amir Reza-Tofighi craint de voir revenir l’épisode des Gilets Jaunes, qui avait impacté l’économie et les commerces. « Nous ne contestons pas le besoin de manifester mais nous ne comprenons pas qu’on bloque l’économie, souligne -t-il. Quand on attaque les entreprises, on attaque les salariés qui y travaillent ».
Le président de la CPME constate un « ras le bol général » et une prise de conscience collective concernant notre modèle social, qui ne fonctionne plus. « Quand on est actif, on a l’impression de porter tout le poids de ce modèle », commente-t-il. Il tient à préciser qu’il n’est pas question de détruire ce modèle social mais plutôt de le sauver, en effectuant un véritable changement. Il souhaite que les entreprises et les salariés n’aient plus le même niveau de charges.
En ce qui concerne la suppression des deux jours fériés proposés par François Bayrou, Amir Reza-Toifighi n’y est pas favorable comme la majorité de la population et des acteurs économiques. « Nous n’avons pas la garantie que cette mesure entraîne du chiffre d’affaires supplémentaire », commente-il. Il propose plutôt que les salariés travaillent trois jours de plus par an et que le fruit de ce travail soit versé sur un compte d’épargne retraite individuel.
Investir dans l’innovation
Quant à l’état des lieux des PME, les différents indicateurs ne sont pas bons, qu’il s’agisse de la hausse des défaillances d’entreprises, du chômage, de la baisse des investissements ou du moral des dirigeants, qui influe sur les recrutements.
Le contexte international pèse aussi sur l’activité des PME, notamment avec la hausse des tarifs douaniers. « Certains secteurs, comme les vins et spiritueux, sont plus impactés que d’autres », souligne Amir Reza-Tofighi. Il déplore la faiblesse de l’Europe par rapport aux Etats-Unis et à la Chine : « Incapable de protéger nos économies, elle n’est pas dans le timing du monde moderne ».
Le président de la CPME souligne l’importance d’investir dans l’innovation : « il faut sensibiliser nos entreprises à l’intérêt de l’IA ». Il demande également aux politiques de donner un cap clair sur la transition écologique, afin d’éviter les allers et retours comme ceux qui se sont produits sur MaPrimRénov. Et milite aussi pour que l’on produise en France, plutôt que de faire venir des produits de Chine…
Sophie Mensior