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PME : décryptage des grands enjeux de la rentrée

Intervenants et journalistes de la table ronde du 17 septembre (photo Ajpme)

Une rentrée sous tension

Le 17 septembre dernier, l’AJPME a invité François Asselin, président de la Confédération des PME (CPME), Alain di Crescenzo, président de CCI France, et Michel Picon, président de l’Union des Entreprises de proximité (U2P), pour comprendre comment les PME/TPE abordent la rentrée 2024.

De l’avis général, l’inquiétude prédomine aujourd’hui parmi les dirigeants de PME/TPE, dans un contexte marqué par un situation politique inédite et un fort déficit public à la veille de la nomination du nouveau gouvernement. Or, comme l’a déploré François Asselin, « sans visibilité, et sans stabilité, la confiance des entrepreneurs s’étiole », au risque de développer une position attentiste qui peut affecter leur capacité à investir et à embaucher.  

Le maintien de la politique de l’offre

Il faut donc réagir sans tarder et de façon énergique, et les attentes des entrepreneurs sont fortes. Ceux-ci demandent tout d’abord le maintien de la politique de l’offre mise en œuvre par le précédent gouvernement, notamment pendant les crises du Covid et énergétique. Un point de vue que complète François Asselin : « la mère des batailles, c’est l’activité, et l’activité, c’est la politique de l’offre qui la porte ». Le développement des carnets de commandes pourrait notamment s’engager grâce à la réindustrialisation du pays, déjà amorcée, et à la transition énergétique, « un levier d’activité extraordinaire » selon François Asselin.

Stabilité fiscale et sociale

Mais pour que cette politique de l’offre trouve toute son efficacité, il faudra également assurer la stabilité fiscale. De fait, une des principales craintes des entrepreneurs est l’augmentation des impôts : « On ne peut pas déstabiliser le tissu économique avec des aventures fiscales qui tueraient l’envie d’entreprendre », affirme François Asselin.

Michel Picon insiste également sur la nécessité de retrouver une stabilité sociale et pour y parvenir, celle d’organiser « un big bang du financement de la protection sociale ». En effet s’interroge ce dernier, « comment mieux rémunérer les collaborateurs sans charger encore la barque des entrepreneurs ? La protection sociale que personne ne veut remettre en cause ne doit plus être financée uniquement par le travail. » Il faut trouver des sources de financement complémentaires : des pistes sont envisageables comme l’augmentation de la CSG, une TVA ciblée ou la revisite des droits de succession. « Aux politiques d’arbitrer » conclut-il. 

La simplification des aides dont peuvent bénéficier les PME/TPE reste aussi à l’ordre du jour, mais aussi et surtout un meilleur fléchage de ces dernières : « La France est un des pays où il y a le plus d’aides, reconnait Alain di Crescenzo, et c’est bien.  Le problème vient plutôt de leur fléchage, les aides n’arrivent pas forcément au bon endroit. Il faut travailler sur le réseau de distribution de ces aides publiques et s’assurer de l’effet de levier le plus fort sur la croissance, l’emploi et l’investissement. »

L’apprentissage, enjeu majeur des PME/TPE

Invités à réagir au projet de loi de finance 2025, les intervenants se sont notamment focalisés sur la question de l’apprentissage, considéré comme un enjeu majeur pour les PME/TPE. Un débat s’est engagé sur les critères qui devraient déterminer les aides à l’apprentissage, pour être plus efficaces comme le souhaite l’Etat : taille de l’entreprise accueillante, niveau de diplôme des apprentis, ou encore une évaluation plus stricte des centres d’apprentissage fondée sur le taux de placement des apprentis.

De façon plus globale, Alain di Crescenzo a exprimé sa préoccupation sur l’insuffisance des recettes prévues face aux aides envisagées et craint la remise en cause de certains accords budgétaires, comme celui pluriannuel passé avec les CCI. Il souligne la nécessité pour l’Etat du respect de la parole donnée. 

Inquiétude supplémentaire, l’examen du budget 2025 risque d’être très rapide dans le contexte actuel, ce qui peut minimiser la capacité des parties prenantes à argumenter pour faire valoir leur point de vue.

Par bien des aspects, la rentrée de septembre 2024 se déroule dans un climat très tendu. Il faut espérer que la nomination du gouvernement va permettre une certaine clarification de la situation.  

Elisabeth Coulomb