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PME : quels (nouveaux) risques et quelle assurance aujourd’hui ?

Intervenants et journalistes lors de la table ronde sur l’assurance des PME le 13 décembre 2023

Le 13 décembre 2023, une table ronde de l’Ajpme en partenariat avec l’Anja (Association Nationale des Journalistes de l’Assurance) a fait le point sur les risques encourus par les PME et les réponses apportées par les assureurs. Une première pour l’association qui n’avait jamais traité ce sujet de l’assurance des PME.

L’assurance est un sujet clé pour la protection et la survie l’entreprise. Les trois experts présents ont partagé leurs analyses et expériences : Mathieu Montassier, directeur de Verlingue Connect, courtier en assurances spécialisé dans la protection des entreprises et PME, Régis Lemarchand, membre du comex en charge du marché des entreprises chez Generali, et Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Paris IDF, fondateur de BCH Assurances, courtier en assurances, ainsi qu’un chef d’entreprise, Jean-Noël Gaine, qui a fondé en 2020 Créawatt Group, une entreprise d’une centaine de salariés basée à Amilly (45) qui conceptualise et fabrique des panneaux solaires innovants.

Rapport sur le cyber-prévention

Le problème croissant pour les entreprises à la veille des JO 2024 ? Le risque cyber. Bernard Cohen-Hadad, qui a remis le 12 décembre dernier son rapport “cyber-prévention, un enjeu de sécurité et de citoyenneté” au conseil économique régional, avance les statistiques de l’ANSSI : « une entreprise victime d’un risque cyber ferme dans les trois mois. Une PME qui n’est pas outillée ne peut pas s’en sortir ». Concernant la période des JO : « L’ANSSI a alerté : il va y avoir une vraie hausse, cela va être un défi sur plan de la sécurité numérique avec un nombre d’attaques qui va être relativement fort et les PME vont être ciblées ». 

Or, « peu de PME sont assurées » avertit Mathieu Montassier. Difficile, néanmoins,  d’évaluer le nombre d’entreprises assurées sur ce volet : « On trouve des chiffres assez différents, 3,5% ou 25% selon les rapports. Je pense que l’on est très loin des 25% mais plutôt aux alentours de moins de 10 », ajoute-il. 

Le risque assurantiel pèse

De manière générale, Bernard Cohen-Hadad indique que le « risque assurantiel pèse. En 30 ans de métier, je n’ai jamais vu un risque d’assurance PME baisser. Les risques augmentent tous les ans ». « Une entreprise peut difficilement travailler sans assurance. C’est une exposition trop forte » explique de son côté Régis Lemarchand. Eu égard à l’évolution des réglementations et aux nouveaux risques émergents liés à la fois à la cybersécurité, aux catastrophes naturelles, au dérèglement climatique ou aux mouvements populaires et émeutes (perte d’exploitation). 

Néanmoins, certaines activités peinent à se faire assurer. Mathieu Montassier liste celles qui ont « des difficultés, voire une impossibilité de s’assurer » : le bois, la scierie, le traitement de déchets, le recyclage, le transport de voyageurs ou de marchandises ou la location longue durée par exemple. Il constate qu’il y a sur ces secteurs « un désengagement » des assurances qui peuvent, quand elles acceptent finalement d’assurer l’activité, appliquer « de fortes majorations ». En outre, « sur une activité innovante, les petites industries ne trouvent pas d’assureur », estime Bernard Cohen-Hadad. 

Manque de recul sur le photovoltaïque 

Jean-Noël Gaine témoigne justement des difficultés qu’il a rencontrées pour se faire assurer. Après trois ans d’activité, le fondateur de Créawatt a enfin signé en décembre 2023 avec l’assureur Generali, après avoir approché 27 compagnies d’assurance. « Une seule nous a dit oui » assure-t-il. En cause notamment, le fait d’être une entreprise innovante en rupture technologique sur son marché. « Les assureurs manquent de recul sur ce marché » explique-t-il. Et surtout, le métier d’installateur de panneaux photovoltaïques ne dispose pas encore de code APE. De fait, « Comment demander à un assureur d’assurer un métier qui n’a pas de code APE ni d’antériorité », s’interroge le chef d’entreprise. Il va pouvoir honorer des commandes jusque-là différées sur le territoire français, une bonne part de sa production étant pour le moment exportée dans d’autres pays européens. 

Charlotte de Saintignon