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Table ronde sur l’essor de la visite d’entreprise

Visite de la coopérative oléicole L’OULIBO – BIZE MINERVOIS – Photo Hervé Leclair aspheries.

Les visites d’entreprises constituent une activité touristique de plus en plus appréciée par le grand public, mais elles portent des enjeux bien plus nombreux, comme l’ont expliqué les cinq intervenants lors de la table ronde organisée sur ce thème par l’AJPME le 5 juin dernier. 

En 2022, 3500 entreprises dont de très nombreuses PME ont accueilli 20 millions de visiteurs. Au-delà de la dimension touristique, « les visites d’entreprise sont aussi une mise en valeur du  « Made in France » a rappelé d’emblée Eric Fabre, directeur général de Fragonard. Mais elles ont aussi des impacts plus concrets pour les entreprises. Elles sont tout d’abord un vecteur de communication efficace, en créant un vis-à-vis direct avec les consommateurs et la population locale. Pour Julien Tuffery, dirigeant des Ateliers de fabrication de jeans Tuffery, « c’est un outil de sincérité, qui permet de restaurer la vérité par rapport à ce qui se raconte parfois sur les réseaux sociaux », tandis que pour Cécile Pierre, déléguée générale d’ Entreprise et Découverte, « elles sont aussi un moyen de démontrer les engagements en matière de RSE ». 

Un outil commercial et des enjeux sociaux

La visite d’entreprise constitue également un outil commercial souvent loin d’être marginal pour les PME. « Nous l’utilisons pour booster nos ventes directes », a confirmé Jean-Marc Thibaut, responsable tourisme de la coopérative oléïcole l’Oulibo, « et 45% du chiffre d’affaires de la coopérative provient de la boutique du site ». « 500 000 euros de chiffre d’affaires réalisés dans la boutique du site sont directement issus des visites », a renchéri Emmanuel Blanc, directeur de Terre de Sel, filiale touristique des salines de Guérande. 

Un troisième enjeu est la dimension sociale. « Organiser les visites de l’entreprise est un projet fédérateur qui engage l’ensemble du personnel et valorise la promotion des savoir faire », a constaté Eric Fabre.   Surtout si, comme c’est souvent le cas, ce sont les salariés eux-mêmes qui sont les guides des visites : raconter son métier est une bonne façon de renforcer la motivation des collaborateurs. Mieux encore, les visites d’entreprises se révèlent un moyen d’attirer de nouvelles recrues dans les métiers ou filières présentés, voire dans l’entreprise elle-même.  Dans les Ateliers Tuffery, lors des derniers recrutements, 60 % des CV des candidats sont arrivés via les visites d’entreprise. 

Un projet qui ne s’improvise pas

Pour autant, organiser une visite ne s’improvise pas. « Il faut évaluer l’opportunité économique de développer ce type de visite, établir un business plan, travailler sur la dimension culturelle, créer un parcours scénographique et enfin réfléchir à la mise en marché », a expliqué Cécile Pierre. S’y ajoute une dimension règlementaire en termes de sécurité, de confidentialité et d’hygiène, plus ou moins contraignante selon les activités concernées. Il faut enfin y consacrer le budget nécessaire : Jean-Marc Thibaut a dépensé 500 000 euros pour la création d’un parcours dans une des oliveraies de la coopérative, financé par des fonds régionaux et sur fonds propres. 

Tous les secteurs d’activité…

Les visites d’entreprises en France concernent tous les secteurs d’activité et toutes les régions. Elles devraient continuer à se développer dans les prochaines années, y compris dans les plus petites structures : Entreprise et Découverte travaille aujourd’hui avec le ministère de l’Economie à la mise en œuvre d’aides pour promouvoir le tourisme industriel dans les TPE. 

Elisabeth Coulomb