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Table-ronde sur le Made in France

Les intervenants lors de la table ronde sur le Made in France organisée par l’Ajpme

Le 22 octobre 2024, l’Ajpme a organisé la table ronde « Made in France : comment créer ou maintenir son outil de production en France ? Témoignages », alors que le salon MIF Expo Paris se déroulera du 8 au 11 novembre prochain.

Financement, lieu d’implantation, aménagement ou construction d’un site de production, recrutements : quelles options pour les dirigeants d’entreprise qui veulent fabriquer en France ? Tels sont les principaux thèmes qui ont été abordés par Gilles Attaf, président d’Origine France Garantie, Caroline Demoyer, directrice des affaires publiques d’Evolis, organisation professionnelle industrielle représentant les fabricants de machines et solutions technologiques pour l’industrie et par deux chefs d’entreprise : Clémentine Colin-Richard, présidente de la Fédération française de la chaussure et administratrice de la PME Richard-Pontvert et Alexandrine Charonnat, directrice générale de Le Lorrain Hampiaux, fabricant de matériel de soudage. 

Trouver des terrains : pas si simple

Trouver un terrain constitue la première difficulté auxquels sont confrontés les chefs d’entreprise qui veulent produire en France. Lorsqu’Alexandrine Charonnat reprend l’entreprise nancéienne Le Lorrain Hampiaux en 2020, le site est plutôt vétuste, l’objectif est alors de s’installer dans un nouveau bâtiment. « Avec un double enjeu : ne pas perdre nos salariés et leur savoir-faire mais aussi en recruter de nouveaux », raconte-t-elle.  Finalement, décision est prise de racheter une usine existante dans l’agglomération et de la rénover. « Nous avons trouvé à moins de 5 kilomètres de l’ancien site, l’important étant d’avoir une solution au plus proche », ajoute-t-elle. 

De son côté, la PME Richard-Pontvert, plus connue sous la marque Paraboot, installée sur deux sites historiques en Isère, souhaitait réunir toutes les activités de l’entreprise sous le même toit. « Cela n’a pas été si simple », raconte Clémentine Colin-Richard. Après quelques péripéties, l’entreprise est finalement restée sur une des communautés de commune d’origine. Caroline Demoyer, directrice des affaires publiques d’Evolis, qui regroupe 600 adhérents répartis sur l’ensemble du territoire, confirme cette difficulté de trouver des terrains. 

Résoudre les problèmes de financement

Deuxième obstacle rencontré par les dirigeants d’entreprise qui optent pour le Made In France : les problématiques de financement. Alexandrine Charonnat indique avoir été accompagnée par Bpifrance dans le cadre d’un investissement de 5 millions d’euros. Si le taux de la banque publique d’investissement était moins intéressant que celui des autres banques, le sujet c’était surtout les garanties apportées. « Nous avons déjà un pool bancaire pour nous accompagner », complète-t-elle. 

Echaudé par des problèmes financiers dans les années 1980 alors que son carnet de commande était plein, Paraboot a pris l’habitude d’autofinancer ses investissements sans faire appel aux banques. Ayant eu besoin de 10 millions d’euros, l’entreprise a cependant fait appel à deux partenaires bancaires. 

Le président d’Origine France Garantie, Gabriel Attaf, est bien conscient de ces problématiques. « Aujourd’hui, les entreprises sont en manque de cash alors qu’elles ont des carnets de commande », estime-t-il, déplorant le manque de fonds d’investissement dans ce secteur. 

Autre thème évoqué lors de cette table-ronde : l’importance du recrutement et de la formation, afin de maintenir les savoir-faire dans ces entreprises. Faire la promotion des métiers du Made in France et changer le regard sociétal sont des pistes à explorer. 

Sophie Mensior