Table ronde transition écologique : quels opportunités, contraintes et obstacles pour les PME ?

Mardi 6 mai 2025, l’Ajpme a organisé la table ronde Transition écologique & développement durable : modèle économique qui rit ou qui pleure ? Quelles opportunités pour les PME, quelles contraintes, quels obstacles ?
Les entreprises ont vraiment pris conscience de l’impact du changement climatique. C’est le constat d’une étude de Bpifrance : 82 % des dirigeants d’entreprises de plus de 10 salariés ont inscrit le climat comme question stratégique. « Mais le défi pour eux est bel et bien de concilier équation économique et transition écologique », commente Bao-Tran Nguyen, responsable du pôle études stratégique chez Bpifrance Le Lab. La question est de savoir pourquoi ils ne vont pas plus vite alors que des aléas climatiques peuvent aller jusqu’à faire disparaître une entreprise.
Besoin d’accompagnement
Selon les études de Bpifrance, les entreprises ont besoin d’accompagnement dans ce domaine. « Nous développons des diagnostics avec l’ADEME », indique Isabelle Albertalli, directrice climat de Bpifrance. Le bilan carbone fait partie de ceux qui s’effectuent le plus facilement. « Quand ils sont soumis à un aléa climatique, comme les inondations dans le Pas-de-Calais ou la sécheresse dans le Sud, les chefs d’entreprises ont tendance à penser qu’il s’agit d’un épisode exceptionnel », ajoute-t-elle. C’est donc tout un modèle économique à repenser…
Antony Hadjipanayotou, artisanat du bâtiment, dirigeant de l’entreprise Antony (couverture, plomberie, chauffage) et président de l’Union générale CAPEB Ile-de-France, venu accompagné de Claude Cutajar, secrétaire général de la CAPEB Grand Paris, travaille sur la transition écologique depuis 2007 avec le Grenelle de l’Environnement et la création du label RGE (Reconnu Garant Environnement), qui permet d’obtenir des aides financières. « On a fait une transition énergétique pour les riches », déplore-t-il. En témoignent les derniers chiffres : le marché des pompes à chaleur est en recul de 40 % en 2024 alors que celui des chaudières à gaz à condensation est en hausse de 55 %.
Rendre accessible le Made in France
Deux autres chefs d’entreprise ont fait part de leur engagement dans la transition écologique. Olivier Remoissonnet, directeur général de la Brosserie Française, qu’il a reprise à la barre du tribunal en 2012. « Nous avons fait le pari de reprendre l’entreprise, en gardant son savoir-faire historique – elle existe depuis 1845 – mais en remettant en cause le reste, raconte le directeur général. Le pari est de faire de l’industrie en France avec les objets du quotidien ».
La Brosserie Française s’emploie à respecter l’environnement : pour ses brosses à dents, elle utilise des plastiques recyclés, des déchets de la filière ameublement pour les manches en bois. Sans oublier la rentabilité : « Il faut rendre accessible le Made in France au plus grand nombre, on peut être rentable si l’on fait du volume », explique Olivier Remoissonnet, qui se félicite d’avoir signé avec la grande distribution – à commencer par Auchan, Carrefour, Ed. Leclerc… Il a rejoint le réseau d’entrepreneurs FFI (Forces Françaises de l’Industrie).
Quant à Christophe Bachmann, directeur général de Noremat, entreprise basée à Ludres près de Nancy, qui commercialise des solutions pour la sécurité des routes, l’entretien du paysage et la valorisation des déchets verts, sa bataille est de « ramener l’économie circulaire au niveau des territoires ». Il estime qu’il faut « enclencher l’éco-innovation » et milite également pour une approche plus inclusive. Il est, par ailleurs, vice-président de l’association Des Hommes et des Arbres (valorisation du patrimoine forestier) et membre de l’organisation professionnelle Evolis (biens d’équipement).
Sophie Mensior