Entretien avec Laurent Grandguillaume (député de la Côte d’Or)

Partagez cet article

Le 30 septembre 2015 – Les journalistes de l’Ajpme ont rencontré en exclusivité Laurent Grandguillaume, député de la Côte d’Or, rapporteur de la mission parlementaire d’information sur Bpifrance, en amont de sa présentation du rapport devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale. La mission d’évaluation  de la banque publique d’investissement a analysé ses points forts et ses points faibles et a établi ses préconisations.

Efficace pour les entreprises innovantes et les ETI

Globalement positif, le bilan d’étape sur Bpifrance deux ans après sa naissance a été dressé par la mission d’évaluation de la banque publique,  menée entre janvier et septembre 2015. Il permet de dégager des pistes de réflexions destinées à améliorer son efficacité. « Bpifrance est un bon outil, qui fonctionne bien, avec des domaines dans lesquelles elle pourrait être plus offensive », résume Laurent Grandguillaume, député PS de la Côte-d’Or et rapporteur de la mission présidée par Véronique Louwagie, députée Les Républicains de l’Orne.

Si Bpifrance remplit sa fonction pour les entreprises innovantes et les ETI, elle pourrait mieux faire pour les (très) petites entreprises et celles qui sont en difficulté, explique Laurent Grandguillaume.

Retournement

Le rapport reproche à la banque publique de ne pas soutenir suffisamment les TPE en difficulté. Il préconise donc de nouveaux outils de « retournement », pour aider les entreprises en difficulté à se redresser, qui pourraient être des fonds régionaux de retournement. Il suggère que Bpifrance intervienne davantage auprès des microentreprises et des TPE, par le biais de sociétés de caution mutuelle notamment. « Parfois la PBI veut intervenir mais ne trouve pas de banque commerciale pour le faire », remarque Laurent Grandguillaume.  Alors qu’elle couvre jusqu’à 60 % des crédits aux TPE… si leur banque commerciale le leur accorde, la mission préconise que Bpifrance puisse intervenir directement auprès de ces TPE, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors. « La question de l’amélioration du continuum de financement se pose », résume Laurent Grandguillaume.

Bpifrance pourrait proposer des microcrédits de trésorerie de 5 000 à 15 000 euros pour toutes les TPE, quel que soit leur âge. Elle devrait développer, et cela est de fait en préparation, une plateforme en ligne destinée à des prêts de développement jusqu’à 50.000 euros. Laurent Grandguillaume suggère aussi qu’elle généralise à l’ensemble du territoire les « prêts rebonds » aux PME, pour le moment proposés en Ile-de-France, pour que les entreprises en difficulté structurelle puissent financer des investissements. La mission suggère, pour pouvoir mieux aider ces petites structures en difficulté que Bpifrance assouplisse ses règles d’intervention, le « un pour un » qui fait qu’elle ne s’engage que si un acteur privé participe avec la même somme qu’elle. Intervenir à 100 % dans certains cas la rapprocherait du fonctionnement de son homologue allemande, la KfW. Celle-ci dispose d’une force de frappe de 500 milliards d’euros, contre un peu plus de 40 milliards pour la jeune Bpifrance.

Gouvernance

A propos de la création de la banque publique, « la fusion s’est bien opérée », estime en tout cas Laurent Grandguillaume. Née en juillet 2013 du regroupement d’Oseo, CDC Entreprises, le FSI et FSI Régions, la banque a réussi à harmoniser leur fonctionnement, selon le rapport, qui s’interroge cependant sur l’efficacité de sa gouvernance alors que Bpifrance est détenue à parts égales par deux actionnaires, l’Etat et la Caisse des dépôts et consignations (CDC).