Voyage d’étude à Londres sur les enjeux du Brexit

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Le 14 juin 2018. Quasiment deux ans après le vote en faveur du Brexit, l’Ajpme a organisé un voyage de presse à Londres pour mieux comprendre les enjeux du Brexit pour les PME et ETI

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Brexit Sessions

Stephen Burgin, le président de la Chambre de commerce française en Grande-Bretagne où se sont déroulés les échanges de la journée organisée par l’Ajpme à Londres sur l’impact du Brexit pour les PME, a présenté le rôle et les missions de la chambre consulaire, qui regroupe 600 membres. « Nous aidons les entreprises françaises à s’installer et les prochaines générations à réussir ici », précise-t-il. Clubs, forums… sont organisés afin d’échanger les bonnes pratiques, ainsi que des « Brexit Sessions », pour évoquer ce sujet.

Business as usual

Jatin Radia, directeur de Pramex International, une filiale du groupe BPCE, qui a pour mission d’accompagner les PME, ETI et start-ups dans leur développement à l’international, a donné son point de vue sur le contexte actuel. Son activité, qui affiche une croissance de + 17 % en 2017, ne semble pas impactée par le Brexit. « Nous avons constaté une forte hausse des demandes d’implantation en Grande-Bretagne », indique-t-il. « Les entreprises veulent le faire maintenant, au lieu d’attendre ». Pour lui, le pays est pragmatique et le slogan « Business as usual » est de mise.

Période d’incertitude

Olivier Morel, avocat d’affaires, conseiller du commerce extérieur de la France, accompagne également les PME dans leur développement à l’international.  « Pour l’instant, il ne s’est rien passé d’un point de vue économique mais le pays vit une période d’incertitude », indique-t-il. La sortie officielle étant prévue le 29 mars 2019, suivie d’une période de transition jusqu’au 31 mars 2020, date à laquelle le Royaume-Uni deviendra un véritable Etat-tiers si aucun accord pour qu’il en soit autrement n’est signé. « Un des enjeux est de savoir ce qu’il va advenir des textes du droit du travail après le Brexit », estime Olivier Morel. Aujourd’hui, les salariés français qui travaillent en Grande-Bretagne peuvent garder leurs droits français, demain ce sera peut-être le droit anglais qui devra s’appliquer…Se posent également les questions de sécurité sociale, de retraite, de chômage…

Isabelle Kannaan, responsable de Sud de France Développement,  organisme qui aide les entreprises vinicoles d’Occitanie à trouver des débouchés,  a le même sentiment. « Tout est incertain, il est difficile d’avoir une idée du futur », déclare-t-elle. « Dans ce marché très concurrentiel, les entreprises implantées n’ont pas intérêt à partir, conseille-t-elle. Si elles le font, elles perdront leur part de marché ».

Les droits de douane en question

Jean-Paul Mulot, représentant permanent de la région Hauts de France au Royaume-Uni, a de son côté mis l’accent sur la question des droits de douane : les coûts post -Brexit étant évalués à 35 milliards d’euros. « Nous sommes dans une logique de partenariat avec la Grande-Bretagne, nous poussons nos entreprises à continuer à s’y implanter », indique-t-il.  C’est le cas de Décathlon, qui ouvre des magasins sur le sol anglais ou de l’hébergeur OVH, qui y a installé un datacenter.

Plusieurs entrepreneurs français basés à Londres ont apporté leurs témoignages. Pour les entrepreneurs français notamment dans la Tech (French Square…), Londres ne s’est jamais aussi bien porté en termes d’investissement (7,1 milliards en 2017).  Xavier Louis, PDG de Peak Labs (jeu vidéo) analyse la situation : « Le business continue mais le souci est d’attirer des jeunes talents, qui vont préférer d’autres destinations ».

Pour Clémence Jamet, responsable marketing de l’entreprise de bijoux en ligne Merci Maman, fondée par des français à Londres, le Brexit pose trois problèmes : le recrutement des talents, les démarches administratives à effectuer et l’incertitude sur les droits de douane. Pour autant, il a peu influencé la stratégie de développement de l’entreprise… Mais jusqu’à quand ?