Comment attirer et fidéliser les talents dont les entreprises ont besoin ?
Afin de mieux cerner les difficultés de recrutement que rencontrent actuellement les PME et les ETI, l’AJPME a organisé le 23 novembre une rencontre avec Marie Hombrouck, chasseur de tête, qui vient de publier « Et si vous trouviez (enfin) le job idéal ! » (éditions Vuibert) et Émeric Oudin, président du Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise (CJD). Cette rencontre a été initiée et animée par notre consoeur Corinne Caillaud, journaliste au Figaro Economie.
Deux-tiers des TPE et PME sont confrontées à des difficultés à recruter, confirme le Baromètre PME Bpifrance-Le Lab de novembre 2021. Si les problèmes de recrutement ne sont pas un sujet nouveau, la crise sanitaire les a exacerbés, plus particulièrement dans certains métiers tels que les services, le BTP, l’industrie, le commerce et l’hôtellerie-restauration… « 71 % de nos adhérents déclarent avoir au moins un poste vacant dans leur entreprise », souligne Émeric Oudin, président du CJD, et dirigeant d’Axe Environnement, PME de services spécialisés aux agriculteurs et viticulteurs, dans l’Aube. « Pour 54 % d’entre eux, les difficultés se sont aggravées avec la crise sanitaire », ajoute-t-il.
Cette situation de tension a cependant des causes multifactorielles, comme l’implantation géographique de l’entreprise. Par exemple, l’agglomération lyonnaise rencontre moins de difficultés de recrutement que d’autres territoires, remarque Émeric Oudin…
« Aux entreprises de se rendre désirables ! »
Pour attirer les candidats, les entreprises doivent savoir s’adapter aux attentes des nouvelles générations, innover et soigner leur image. Ainsi, proposer le télétravail peut s’avérer un réel atout. « Nous conseillons aux dirigeants d’entreprise de s’ouvrir sur de nouvelles méthodes de travail, souligne le président du CJD, mais cela va dépendre de leur maturité sur ce sujet », en d’autres termes de leur ouverture d’esprit… Les entreprises doivent « se montrer désirables », et pour cela adopter de « bonnes pratiques ».
Le « marché de l’emploi » en France connaît aussi des dysfonctionnements en matière de rapprochement de l’offre et de la demande. Ainsi, lorsqu’il doit recruter, le dirigeant d’Axe Environnement avoue ne pas faire appel à Pôle Emploi. Il préfère utiliser Internet, les réseaux sociaux ou le Bon Coin… Et beaucoup de ses homologues font de même !
Selon Marie Hombrouck, ex-avocate en droit des affaires, reconvertie dans le recrutement, à la tête du cabinet Atorus Executive, trois raisons principales poussent un candidat à rejoindre une entreprise : la rencontre humaine (avec le dirigeant ou le manager), la quête de sens, et… l’argent. « L’entreprise doit être porteuse d’un vrai projet ; la notion de sens dans le travail a été mise en évidence durant la crise. Se contenter d’installer un baby-foot dans une pièce, cela ne marche plus ! », explique le chasseur de tête. Quant à la rémunération, si elle ne définit pas à elle seule le job idéal, il convient de payer les gens à un prix « juste ».
Des indicateurs tels que la responsabilité sociale et environnementale (RSE), l’engagement « sociétal » de l’entreprise (mécénat de compétences, par ex.) entrent également en ligne de compte dans l’attractivité, notamment aux yeux des nouvelles générations.
PME : se faire mieux connaître auprès des jeunes
L’auteure de l’ouvrage Et si vous trouviez (enfin) le job idéal ! souligne : «On n’attire plus les candidats de la même façon qu’il y a dix ans ». Certains secteurs tels que les transports routiers, le pétrole et l’extraction minière ont de réelles difficultés à recruter de jeunes candidats. D’autant que ceux-ci sont désormais très renseignés sur les entreprises, via le Web.
Souffrant d’un manque de notoriété, les PME ont tout intérêt à travailler leur image pour se faire mieux connaître auprès des jeunes générations, à soigner leur attractivité, à s’appuyer aussi sur les grandes écoles, comme ont su le faire les grands groupes…
Pour attirer les jeunes générations, les entreprises, qu’elles soient petites ou grandes, doivent faire preuve d’innovation. Par exemple, une agence immobilière adhérente au CJD propose à ses salariés de pratiquer le mécénat de compétences un jour par an, tandis que la Saur, grand groupe du secteur de gestion de l’eau, a supprimé les périodes d’essai de ses salariés ! Les bonnes idées ne manquent pas : semaine de 4 jours, collaboration avec une association, mentorat, actionnariat salarié… Des solutions existent pour séduire les talents et les fidéliser… Aux PME de s’en saisir.
Émeric Oudin se dit confiant dans l’agilité des entreprises à taille humaine, dans leur capacité à s’adapter à la nouvelle donne RH, un réel atout face aux rigidités et lourdeurs des grandes structures.
Sophie Mensior
Découvrez les articles qui se réfèrent à cette rencontre
Recrutement : « les PME ont beaucoup d’avenir par rapport aux grands groupes », par Charlotte de Saintignon, pour NetPME
PME : comment recruter ? par Anne Daubrée, dans La Gazette Bourgogne