Partagez cet article

Web-conférence : rencontre avec Eva Sadoun, co-présidente de Tech For Good France

Eva Sadoun, co-fondatrice et présidente de LITA.co, co-présidente de TechForGood France, et d’Impact France (Mouvement des entrepreneurs sociaux)
Eva Sadoun veut mobiliser les PME autour d’Impact France (DR)

A l’occasion du mois de l’Economie Sociale et Solidaire, l’AJPME a organisé une Web-conférence, le 26 novembre avec Eva Sadoun, co-fondatrice et présidente de LITA.co, co-présidente d’Impact France (Mouvement des entrepreneurs sociaux) et de TechForGood France sur le thème : « Allier utilité sociale et efficacité économique : un défi pour tous les entrepreneurs ? »

A tout juste 30 ans, Eva Sadoun affiche déjà un CV bien rempli : des études de mathématiques, une classe préparatoire à l’Ecole normale supérieure Paris Saclay en économie et mathématiques et un cursus à l’EM Lyon. Serait-elle donc un pur produit du système qu’elle veut remettre en cause ? « On ne peut pas exister en dehors du système, j’essaie d’avoir une approche différente et de comprendre comment le système économique et financier fonctionne, d’autant que j’ai eu mon bac en 2008 », raconte-t-elle.

Dès 2014, elle est à la tête de LITA.co, une plate-forme d’investissement à impact social et environnemental. Dans le but de remettre la finance au service de l’économie réelle, de récréer des circuits courts dans ce secteur. Présente dans quatre pays (Belgique, Italie, France, Luxembourg), la plate-forme permet d’investir dans des domaines tels que le logement social, les énergies renouvelables…

L’application RIFT, un « Yuka de la finance »

Dernier lancement en date : celui de l’application mobile RIFT, qui permet aux particuliers de comprendre comment fonctionne leur épargne : comptes courants, Livret A, assurance vie. Pour la mettre au point, ses concepteurs ont récupéré de l’information sur différents rapports financiers, acheté des données… « Les banques sont dans la co-construction », précise Eva Sadoun. Téléchargeable sur tous les portables elle a pour but d’être un outil du quotidien, d’être en quelque sorte un « Yuka de la finance ». Au bout d’une semaine de lancement, l’application affiche déjà 10 000 utilisateurs !

Au-delà de ses activités professionnelles, Eva Sadoun s’engage pour promouvoir ses idées : elle est co-présidente du Mouvement des entrepreneurs sociaux, dénommé désormais Impact France. Ce mouvement, qui a vocation à rassembler des entrepreneurs à impact social et environnemental, a développé l’outil Impact Score, qui évalue l’engagement des entreprises dans ces domaines (impact social, écologique, partage de la valeur, du pouvoir). Il vise les 2 000 membres et envisage de devenir le syndicat représentatif de ce type d’entreprises. « Il nous faudra 2 ans pour parvenir à nos objectifs », estime Eva Sadoun.

« Nous voulons que les PME nous rejoignent, afin de les aider à trouver de nouveaux financements », ajoute-t-elle. Elle a pu constater que les entreprises qui adhèrent au mouvement Impact France sont résilientes et ont su résister à la crise sanitaire. A l’instar de 1083, une entreprise qui produit des jeans en local et qui a pu modifier rapidement sa chaîne de valeurs afin de produire des masques.

S’adresser à des investisseurs plus vertueux

L’annonce de plans de licenciement par de grandes entreprises (Renault, Air France ou Sanofi…) vient de démontrer que ce chemin n’est pas toujours facile. « Le cas d’école de Danone, qui réduit ses effectifs alors que l’entreprise affiche de grandes ambitions, ne doit plus arriver, déplore Eva Sadoun, il faut faire en sorte que cela change ». Comment ? « Il faut s’adresser à des investisseurs plus vertueux. Il faut aussi le soutien de l’Etat et que les dirigeants fassent preuve de courage », plaide-t-elle.

Pour mener à bien ses objectifs, l’association professionnelle peut s’appuyer sur le secrétariat d’Etat à l’économie sociale et solidaire, piloté par la dynamique Olivia Grégoire. « Nous attendons un vrai plan de pollinisation de l’économie sociale et solidaire dans l’économie », déclare Eva Sadoun. Fortement mobilisée, la chef d’entreprise espère aussi une prise de conscience et des actions au niveau européen.

Sophie Mensior

Découvrez les articles qui se réfèrent à cette rencontre

Avec Éva Sadoun, les jeunes entrepreneurs veulent peser dans le débat public, par Anne Daubrée, dans La Gazette Oise